Homme sur une barque, en plein cœur d'une tempête au milieu de l'océan

Chapitre 6 : Soif de justice.

Voilà bien longtemps que je n’avais pas écrit un article pour parler du parcours d’entrepreneur. Aujourd’hui est le jour où je reprends la plume pour vous partager une mauvaise expérience mais une très bonne nouvelle pour The Bline Water. Et pour tous les marques, entrepreneurs, stagiaires, alternants et même salariés déjà victimes.

Reprenons depuis le début.

Une certaine idée de la justice.

Fin 2022, je décide de me lancer dans l’aventure The Bline Water. Pour élaborer mes boissons solides, je fais alors appel à un laboratoire d’innovation culinaire, soit disant spécialiste en Clean Label, qui m’avait vendu son savoir-faire et son expérience : Very Foody. Ce petit laboratoire à taille humaine est situé à Lyon et me met rapidement en confiance pour la suite.

Après une étude de faisabilité, l’équipe de VeryFoody valide non seulement la faisabilité du projet, mais aussi le fait qu’elle dispose des compétences et des connaissances nécessaires pour le mener à bien. Nous lançons alors la phase de recherche et développement pour créer des prototypes de mes boissons solides.

Très vite, le projet s’enlise : l’équipe de VeryFoody n’arrive pas à concevoir une pastille effervescente conforme au cahier des charges. Les tests utilisateurs sont désastreux : certains participants ne parviennent même pas à finir leur verre. S’ensuivent de longs mois de tests, d’itérations et d’échanges pour tenter d’identifier les blocages.

Selon VeryFoody, le problème ne viendrait pas de leurs compétences, mais de moi. Ne venant pas du milieu agroalimentaire, mes demandes sont jugées « hors de propos ». Le ton change, les attitudes aussi, et je sens que le projet m’échappe peu à peu.

En juillet 2023, les résultats sont sans appel :

  • Les formulations sont inexploitables sur le plan industriel. Aucune usine ne veut produire mes recettes, invoquant de multiples problèmes techniques.
  • Elles sont également non conformes sur le plan réglementaire : un ingrédient utilisé est tout simplement interdit dans des boissons non certifiées comme « compléments alimentaires ».

En résumé, c’est la catastrophe. Après neuf mois de R&D et l’investissement de toutes mes économies, je me retrouve sans résultats exploitables et avec une nouvelle facture à payer. Je me sens littéralement floué : le travail fourni n’est ni à la hauteur des attentes, ni réellement professionnel.

Deux choix s’offraient alors à moi :

  1. Laisser passer cette injustice, relativement fréquente dans le secteur, et en particulier envers de petits entrepreneurs qui ne sont absolument pas considérés. Nous sommes des proies faciles, car seuls, sans argent et souvent sans réseau. Faire appel à un avocat coûte cher, les procédures sont longues et ça m’obligerait à retarder le projet.
  2. Ne rien lâcher. Croire en mon bon droit. Croire que lorsqu’on confie un projet à un partenaire, celui-ci doit faire son maximum pour atteindre les objectifs fixés, faire preuve de professionnalisme et de transparence quand il ne possède pas les connaissances et compétences nécessaires. Qu’importe ce qui se dresse devant moi, si je dois le franchir, je le franchirai.

Je décide alors de me battre en justice pour que celle-ci reconnaisse le préjudice que j’ai subi.
C’est beaucoup d’argent. Beaucoup de contrariété. Mais j’y crois. je fais alors appel à une avocate pour m’accompagner dans cette procédure.

Le laboratoire Very Foody condamnée par la justice

Un an s’est écoulé depuis ce choix et la décision est enfin tombée.
Ici, il ne s’agit pas de mon avis sur la société Very Foody et de sa prestation, mais bien d’une décision de justice, des faits.
Le lundi 15 juillet 2024, le tribunal de commerce de Lyon a rendu une décision en ma faveur. Après des mois de procédures et de batailles d’arguments, le juge, après avoir analysé le dossier, les pièces communiquées par les deux parties, a tranché et a condamné la société Very Foody, représentée par Aurélie d’Assignies, « aux entiers dépens de l’instance ».

DISONS que les demandes de Very Foody se heurtent à une contestation sérieuse (…)
CONDAMNONS la société Very Foody aux entiers dépens de l’instance.

Tribunal de commerce de Lyon, le 15 juillet 2024

C’est un premier pas vers la réparation du préjudice subi. La suite devra se juger durant une procédure de fond, plus adaptée pour examiner en profondeur les arguments avancés et leur ampleur sur notre activité.

Je partage cette décision, car en tant qu’entrepreneur, parfois isolé, régulièrement dans le doute et souvent auto-financé avec un budget limité, il ne faut pas se laisser faire. Même si faire appel à la justice peut parfois impressionner, elle est là pour constater les faits et les préjudices.

Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont soutenu tout au long de ce processus, en particulier mon avocate, maître Sophie Sarzaud, pour son travail remarquable.

Le combat continu et, malgré les obstacles, The Bline Water® verra le jour pour réinventer l’hydratation de demain. En effet, nous avons trouvé un nouveau partenaire qui nous accompagne dans la conception de nos boissons et tout se déroule pour le mieux. La phase de production approche à grands pas et j’ai tellement hâte de pouvoir faire goûter nos boissons au plus grand nombre.

Après la tempête vient toujours le beau temps. Après l’agitation des vagues et le ciel qui gronde, vient toujours l’apaisement de la nature.

Qu’importe ce qui se présentera, j’y ferai face. Les principes sont parfois les plus importants dans la vie. Défendons-les coûte que coûte. Pour que la justice triomphe.


Mon post Linkedin


NB : J’ai reçu un flot de témoignages suite à ce post, et j’en reçois encore régulièrement. Ça ne fait que renforcer mon combat et je ne lâcherai rien, pour moi et pour les autres qui n’ont pas osés franchir le cap de faire appel à la justice.